Tant qu’il y aura des îles

Entrée des artistes

L’exposition Tant qu’il y aura des îles propose deux voyages, l’un au long cours et l’autre onirique.

Dans la première salle, l’embarquement est immédiat :
L’armoire bateau d’Olivier Tourenc est un appel au grand large.
Une armoire de bureau métallique a été transformée en embarcation maritime. Ce meuble austère, fixe et lourd devient un objet de loisir, mobile, symbole de voyage et de liberté.

Faire naître un navire qui ne l’était pas oblige Olivier Tourenc à penser « prototype », élaboration de plans, dessins, études, maquettes et textes, puis à faire appel à un cabinet d’architectes dont la mission sera de conserver la forme initiale de l’armoire tout en lui assurant les caractéristiques d’un engin de navigation.
L’objet achevé, Olivier Tourenc entreprend les démarches nécessaires à une accréditation officielle du bâtiment.
Plusieurs exemplaires seront produits et confiés à une école de voile avec pour objectif, d’animer, avec ce voilier d’un nouveau genre, des stages d’initiation à la navigation. Le lancement de ces stages sera pensé comme l’inauguration d’une exposition traditionnelle.
L’artiste, dans son manuel d’utilisation de l’armoire bateau, nous donne les instructions d’usage en mer et à terre où elle retrouve sa verticalité et sa fonctionnalité première non sans réveiller en nous notre désir d’évasion.

Dans la deuxième salle, l’histoire du Marin perdu entraîne le spectateur dans un voyage construit et ordonné par la pensée délicatement flottante de Pauline Fondevilla. Le dessin d’un personnage féminin perdu à sa table de travail devient le point de départ d’une errance dans des paysages mentaux. C’est l’un des 22 dessins sur papier qui s’enchaînent et se juxtaposent par le prolongement d’une ligne, d’une phrase ou d’une forme. Un signe en fait naître un autre et l’imaginaire dérive à bâbord puis à tribord, conférant à l’ensemble un contour asymétrique que le spectateur parcourra. Il lui semblera accoster sur l’île au trésor, l’île mystérieuse ou l’île noire aux rivages ponctués de formes géométriques et de symboles. La terre et la mer seront habitées par des figures humaines isolées, réminiscences d’œuvres qui ont toutes pour point commun d’interroger la place de l’homme dans le monde. _ L’artiste mélange les codes de la cartographie et les citations empruntées à de multiples domaines artistiques. Elle réussit à créer un territoire personnel très inspiré par le roman Les marins perdus de Jean-Claude Izzo. S’il n’en est pas l’illustration, il en reprend les thèmes comme celui de l’isolement, de la solitude, de la vanité et de l’identité.

Parallèlement à l’exposition :
Mathias Poisson, artiste promeneur, travaillera avec les élèves de 3e et proposera une randonnée sensible sur le Mont d’Or, colline au pied de laquelle se trouve le collège. Ce parcours sera l’occasion de questionner le lieu. Le corps en mouvement fabriquera une histoire en étant attentif aux plus petits événements. La marche prendra des formes et rythmes différents, et incitera chacun à des modes de représentations de la promenade. De l’image à la performance, les élèves seront accompagnées dans leurs productions artistiques par les enseignants d’Arts Plastiques et d’Education Physique et Sportive.

Mathias Poisson expose son travail au Lycée Esclangon à Manosque dans le cadre du dispositif L’art en Frac au Lycée. L’exposition Tant qu’il y aura des îles prolonge celle en place au Lycée intitulée L’art en déplacement .

Patricia Mariani, professeur d’arts plastiques