Pierre Beloüin

Persistence is All

“Tout ce que je sais d’important sur l’art de la performance, je l’ai appris de ces deux concerts” a déclaré Mike Kelley, à propos de deux lives, l’un de Sun Ra (1973), l’autre d’Iggy Pop and the Stooges (1974).

Le travail de Pierre Belouin s’inscrit précisément dans la niche des artistes qui ont tout appris ou presque de l’expérience musicale. Mais ce n’est pas seulement parce que son avatar d’artiste le plus connu est L’homme Orchestre, ni parce qu’il s’occupe depuis 10 ans maintenant du label Optical Sound, ni même parce qu’il est entré dans l’art par la musique, travaillant d’emblée à la frontière du visuel et du sonore, dès ses études à L’École Nationale des Beaux-Arts de Paris. C’est surtout parce que son travail et ses activités sont ancrés dans la culture underground, historiquement liée d’ailleurs à la musique. En connaisseur et fan, il multiplie donc les hommages, à Gysin et Burroughs, au fétichisme 50’s, au psychobilly, à l’érotisme 70’s, à la musique industrielle, et à la cold wave, aux séries B ou à l’univers des freaks. On pourra citer les très chics et sportives Auston-Healey de Str Crash, l’exotica de L’Homme Orchestre v2, les pin-ups et Milky Woman, sortie tout droit, avec ses attributs, d’un film de Russmeyer ou d’une peinture de Mel Ramos.

Persistence is all, première exposition personnelle de l’artiste, est elle aussi placée sous le signe de la référence, plus précisément à Coil, groupe de musique industrielle anglais : sa courte phrase de titre est en effet tirée d’un néon (une sculpture ?) disposé dans le salon de Threshold house, la maison du groupe qu’on peut apercevoir dans un documentaire anglais de 2001, “Hello Culture”. Et c’est aussi le titre d’un live du groupe, en 2000. “Persistence is all”, sentence à la fois définitive et mystérieuse, ne signifie peut-être rien d’autre que la nécessité d’être tenace et exigeant, ou plus directement encore, de résister au suicide programmé des objets dans la culture commerciale. Multi-plateforme, plasticien, chef de label, curateur, Pierre Beloüin joue sur tous les fronts de la résistance underground.

Jill Gasparina
Extrait de la monographie Persistence is All, janvier 2008, texte Jill Gasparina, édition Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, graphisme Claire+Olivier Huz, diffusion & distribution www.r-diffusion.org, 96 p. ill. en coul., 12 x 18cm, ISBN 978-2-9527796-4-7, 15 euros

Pierre Beloüin
Né en 1973. Vit à Paris, Ollioules et Strasbourg. Pierre Beloüin est un membre fondateur de la Galerie Glassbox à Paris et du label Optical Sound créé en 1997, suite à la rencontre avec Rainier Lericolais et Olivier Huz. Cette plateforme d’édition cherche à diffuser des œuvres sonores réalisées par des artistes plasticiens expérimentant le son ou, à l’inverse, des musiciens s’intéressant aux arts plastiques. Le nom Optical Sound est une référence directe au cinéma, à la piste optique sonore, évoquant les images mentales générées par le son.

Lors du vernissage :
17h : rencontre avec l’artiste
20h : Concert par Légion Cérébrale (a.k.a. Servovalve),
Entrée libre

  • Frac - Ancien site, Place Francis Chirat

    Place Francis Chirat

    13002 Marseille

Les podcasts du Frac

Au cœur des expositions. Podcast coproduit avec Radio Grenouille

Dans cet interview, vous rencontrez Pierre Beloüin qui commente quelques-unes des œuvres présentées dans l’exposition.