Le Frac a coproduit ce multiple d’artiste avec la galerie Cyrille Putman à l’occasion de l’exposition Des marches, démarches. La boussole est un objet à forte portée esthétique et artistique.
« On marche toujours dans les pas de quelqu’un. Longtemps, on s’est orienté par rapport à l’Orient : Jerusalem, La Mecque, le Levant. Puis vint le savoir gradué, la force magnétique calculée et mise en chiffres. On l’appela le Nord. Aujourd’hui la boussole a disparu de nos poches et de notre quotidien, le Nord magnétique s’est réfugié à deux pas de là, au coeur de nos ordinateurs et de nos téléphones.
Choisir la marche, c’est accepter une forme de dépouillement : réduction à l’essentiel, légèreté, itinérance, déplacement, échelle du corps humain. La boussole est enfant de l’épure. Frugalité sans nostalgie, la boussole est prise de risque et miroir de nos incertitudes. Et comme le dit Walter Benjamin, ce lâcher prise « demande toute une éducation ».
La boussole est le nombril mobile du monde : le Nord est là-bas et moi je suis ici. La boussole renvoie à l’émancipation rendue possible par la marche, la randonnée ou l’excursion, qui ont libéré les corps, les esprits et peut-être les genres. La boussole n’a pas d’âge : on peut « boussoler » très tôt. Objet de plein vent plus que de bureau, elle dépasse les styles et les écoles. »
Guillaume Monsaingeon, commissaire de l’exposition Des marches, démarches