Jusqu’à l’incandescence

Avec des œuvres de la collection du Frac : Ghada Amer, Ianna Andréadis, Tacita Dean, Christian Jaccard, Yazid Oulab, Sophie Ristelhueber, Nancy Wilson-Pajic.

Un partenariat engagé pour une période de quatre ans a débuté en 2017 entre le Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Galerie Ravaisou de Bandol sur la base d’une réflexion autour des quatre éléments, et instaure au cœur de la ville de Bandol un cycle de rencontres avec l’art contemporain. Le rapport au feu y est évoqué cette année.

« Le feu est un phénomène privilégié qui peut tout expliquer. Si tout ce qui change lentement s’explique par la vie, tout ce qui change vite s’explique par le feu. Le feu est l’ultra-vivant. Le feu est intime et il est universel. C’est un dieu tutélaire et terrible, bon et mauvais. Il peut se contredire : il est donc un des principes d’explication universelle. » Gaston Bachelard, la Psychanalyse du feu (1937).

Le feu est à la fois celui qui construit et celui qui détruit, entre douceur et torture, il est en cela très proche de la pensée d’un artiste, qui en créateur va altérer ce qui l’a précédé, se le réappropriant pour construire quelque chose de nouveau. Apportée aux humains par Prométhée dans la mythologie grecque, la maîtrise du feu est un progrès décisif qui a sorti l’humanité de sa dépendance à la lueur solaire. Il incarne à la fois la chaleur et une lumière réconfortante. Arme indispensable contre l’obscurité et cœur du foyer autour duquel les individus se réunissent, son pouvoir fédérateur et vital s’accompagne de son inhérente capacité de destruction. C’est parce qu’il est indomptable et féroce que le feu fascine. Il est symbole de violence et de chaos lorsqu’il devient hors de contrôle, laissant sur son passage des traces indélébiles visibles comme dans l’œuvre de Sophie Ristelhueber. Il incarne aussi le désir qui brûle autant qu’il attire, celui qui rend fou, celui de Majnûn, homme poète dans l’œuvre de Ghada Amer. En s’emparant des multiples propriétés de cet élément, les artistes interrogent sa double nature à la fois protectrice et ravageuse. Les œuvres présentées invitent le public à une exploration sensible de la complexité du feu. Ces productions artistiques, autant historiques qu’issues d’acquisitions plus récentes, permettent de donner une vision élargie de la collection du Frac.

Fannie Chanavat et Maéva Eliot, stagiaires aux pôles diffusion et programmation des expositions.

Informations pratiques
Galerie Ravaisou
1, rue des Écoles
83150 Bandol
Ouvert du mardi au samedi :
mardi de 9h à 12h30 et de 14h à 17h30,
mercredi de 9h à 12h30,
jeudi et vendredi de 14h à 17h30,
samedi de 9h à 12h.
Renseignements : +33 (0)4 94 29 12 76.


Les œuvres de la collection du Frac dans l’exposition

  • Ianna ANDRÉADIS, Eclipse, 2000
    Publication, livre, imprimé, Livre
    27 p. [+ 5 p.]
    Format à l’italienne
    Broché
    16 x 24 cm
    Don de (U)L.S / (un)limited store en 2012
    Inv. EM20121655, ANDR 2000 ULS
    © droits réservés
    Photo : Marko Dapic
  • Christian JACCARD, Videocombustion
    © Adagp, Paris
  • Ghada AMER, Majnûn (Le fou (amoureux)), 1996
    Oeuvre en 3 dimensions, Installation
    Trois housses de vêtements de série industrielle en tissu synthétique jaune doublé, brodées de fil rouge.

    « Mâjnun » est une pièce constituée de 7 penderies en plastique jaune sur lesquels j’ai brodé entièrement tous les poèmes d’amour qu’un homme (Mâjnun, ce qui signifie le fou) a écrit à une femme (Leila). Mâjnun Leila est une histoire bien connue dans le monde arabe.
    L’histoire d’un amour fou d’un homme pour une femme.
    Quand Qays, fou d’amour déclare publiquement sa passion pour Leila, le père de celle-ci ne supporte pas cet affront et la marie sur-le-champ à un autre homme. Ainsi puni pour la puissance de son langage par le père de sa bien-aimée, Qays s’isole dans le désert où il continue à écrire son adoration pour Leila...
    La tradition nous dit que Leila aimait réciproquement cet homme. N’est-elle pas morte à l’annonce de la mort de Qays tué par le désespoir ? On ne trouve aucune trace de l’expression de l’amour de cette femme pour Mâjnun.
    Me mettant à la place de Leila, j’ai choisi de recopier, ensuite de broder, les paroles d’amour de Qays, montrant ainsi que le langage d’ardeur est à jamais délimité par les mots de l’homme.

    Ghada Amer, 1996
    Broderie sur toile, métal

    3 x (156,5 x 91 x 51 cm)
    Achat à la Galerie Météo en 1997
    Inv. 97.334
    © Adagp, Paris
    Photo : Visuel fourni par la galerie
  • Christian JACCARD, 3 outils-objets, 1975 - 1976
    Sculpture
    Matériaux divers graphités
    Elément 1 : 247 x 19 x 22 Elément 2 : 295 x 19 x 10 Elément 3 : 316 x 25 x 8.5
    Achat à la Galerie Athanor en 1987
    Inv. 87.114
    © Adagp, Paris
    Photo : Gérard Bonnet
  • Sophie RISTELHUEBER, Fait, 1992
    Photographie
    Paysage désertique avec couvertures en premier plan
    Photographie en couleur contrecollée sur aluminium
    100,5 x 125,5 x 4,7 cm (avec cadre)
    Achat à la Galerie Argos en 1997
    Inv. 97.358
    © Adagp, Paris
    Photo : Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur
  • Nancy WILSON-PAJIC, Treshold
    Photographie
    Epreuve à la gomme bichromatée noire sur papier vélin
    © Nancy Wilson-Pajic
    Photo : Yves Gallois
  • Tacita DEAN, [The green ray], 2003
    Publication, livre, imprimé, Flip book
    n.p [152 p.], ill. en coul.
    Broché
    9,5 x 15 x 1,5 cm
    Don de (U)L.S / (un)limited store en 2012
    Inv. EM20121203, FLIP DEAN 2003 ULS
    © Tacita Dean, Marian Goodman Gallery, New York/Paris, Frith Street Gallery, Londres
    Photo : Marko Dapic
  • Yazid OULAB, Sans titre
    Graphite sur papier
    © Yazid Oulab

Vues d’exposition