Tarkos poète : réunion de chantier

Plateau multimédia du Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur
Entrée libre dans la limite des places disponibles

Dans le but de présenter un état des lieux des réflexions et des recherches en cours sur l’œuvre de Tarkos, le Cipm organise au Frac une journée d’étude pour la clôture de l’exposition Tarkos poète.

La journée se découpera en quatre panels, deux le matin : généalogies Gabriel Proulx, LéoDekowski, Jonas Delaborde et formes David Christoffel, Thierry Weyd, Alexandre Mare. Les deux autres panels seront, l’après-midi : stratégies Nathan Lahire, Vianney Lacombe, Laurent Zimmermann et parole Anne-Christine Royère, Antoine Hummel, Stéphane Nowak Papantoniou.

Le matin

Muriel Enjalran, directrice du Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur et Michaël Batalla, directeur du Cipm
• Bienvenue

10h : GÉNÉALOGIES

Léo Dekowski, Normalien, agrégé de lettres modernes, et doctorant à CY Cergy-Paris Université
• Tarkos, poète français de la transition
J’essaierai de montrer comment la poétique de Tarkos se construit autour de la transition, la travaille et la réfléchit, à la fois dans une dynamique de démultiplication et par des tentatives d’invisibilisation.

Gabriel Proulx, Candidat au doctorat & chargé de cours, Département d’études littéraires, Université du Québec à Montréal
• Stein – Beckett – Tarkos
La critique a observé à plusieurs reprises les affinités qui existent entre le travail de Tarkos et celui de Gertrude Stein ou de Samuel Beckett, même si le poète français ne se réclame pas directement de ces deux monstres modernistes. Nous verrons comment se manifeste cette influence indirecte dans l’écriture tarkossienne, mais aussi dans quelle mesure la généalogie trouée que se crée Tarkos permet de repenser la notion d’héritage hors des modèles arborescents et linéaires.

Jonas Delaborde, Artiste plasticien, doctorant en Histoire de l’art au laboratoire HAR, unité de recherche de l’Université Paris Nanterre.
• Pascal Doury, Christophe Tarkos, braconnages croisés.
Pascal Doury et Christophe Tarkos ont collaboré entre 1997 et 1999 sur trois ouvrages (L’hypnotiseur soigne, Je m’agite et Le Bâton), une revue (poézi prolétèr, avec Kati Molnár, deux numéros parus), un projet d’exposition et de nombreux numéros de l’Encyclopédie des Images, une série de fascicules publiés par Doury. Quelles ont été leurs modalités de travail ? S’agit-il à chaque fois du même registre de collaboration ? Comment ces objets dialoguent avec le reste de leurs œuvres respectives ?

11h30 : FORMES

David Christoffel, Poète, compositeur et créateur radiophonique. Docteur en musicologie de l’EHESS, il est l’un des deux commissaires de l’exposition « Tarkos poète ».
• « L’englobement résiste, va »
Poèmes ronds, histoires de boules, effets de boucles, pensées sphériques, raisonnements circulaires, remises à zéro, jeux autoréférentiels... Tarkos arrondissait tout. Mais à force de tourner, ses poèmes creusent et remontent. Proposition de relecture écologique d’une œuvre à taille humaine.

Thierry Weyd, Enseignant à l’ésam Caen/Cherbourg – artiste dilettante – éditeur en chambre – amateur de curiosités – curator et à travers – diplomate utopiste
• (Peut-être…) = Oui, revu et corrigé par Karine Defrance. Expressif, le petit bidon (Improvisations et lectures, tome 1), par les éditions cactus.
En 1999, Christophe Tarkos est invité dans le cadre de l’Atelier de Recherche et de Création « Au pied de la lettre », organisé en Option Design Graphique par l’école des Beaux-Arts de Caen. Ces deux jours d’atelier ont été à l’origine d’un travail de recherche graphique et typographique mené par Karine Defrance, alors étudiante, en compagnie de Christophe Tarkos, à partir du livre Oui (Al dante/Niok, 1996), dans la perspective de son diplôme de fin de cursus ; du projet d’une collection de CD audio des enregistrements de Christophe Tarkos, produite par les éditions cactus ; de l’ouvrage inachevé Calligrammes de Caen, auquel devait être associé Pascal Doury, et, par conséquent, jamais édité par l’école des Beaux-Arts de Caen.

Alexandre Mare, Directeur de la Galerie Duchamp, centre d’art contemporain d’intêret national situé à Yvetot, il est l’un des deux commissaires de l’exposition « Tarkos poète ».
• Les poèmes sont des dessins
Si Tarkos aimait à publier parfois des dessins, les recherches en marges de l’exposition Tarkos poète permettent de mettre à jour un véritable corpus. Il s’agira dès lors de proposer une première lecture de cette oeuvre et comment celle ci semble endogène à l’oeuvre écrite.

L’après-midi

14h : STRATÉGIES

Nathan Lahire, Doctorant, UPHF
• Les Morceaux choisis de Christophe Tarkos : une « carte de visite » adressée au milieu de la poésie
Le critère de la radicalité constitue un principe fondamental de la pratique poétique et artistique de Christophe Tarkos. Celui-ci étudie méthodiquement la radicalité poétique telle qu’elle se présente à lui, en France, dans les années 1980 et 1990. Morceaux choisis (1995), l’un de ses tout premiers livres, en est le résultat. Faisant feu de tout bois, Tarkos s’y essaye à de nombreux « styles expérimentaux ». L’ouvrage fonctionne en fait comme une carte de visite adressée au milieu de la poésie : à travers elle, Tarkos s’y présente, aussi stratégiquement que spontanément, comme connaisseur et maître des grandes formes poétiques expérimentales de l’époque. Il s’y donne à voir comme un poète légitime.

Vianney Lacombe, Auteur, poète, critique, revuiste, il vit à Paris où il est né en 1946.
• Caisses, baton, bidon, farine : pour quoi faire ?
Dans Caisses (P.O.L, 1998), Christophe Tarkos parle du vent, des cailloux, du ciel. Pour quoi faire ? Pour qu’ils existent : il faut les sortir de la masse d’eux-mêmes, il faut montrer leurs détails, tout ce qui se cache sous la globalité de leur perception et pour cela, accepter de s’immiscer dans leur comportement, dans leur présence, dans leur réalité. C’est à l’opposé de l’action entreprise par Tarkos pour décrire Le bâton (Al dante, 1998), dont tous les avatars se déploient dans un espace absolu.

Laurent Zimmermann, Maître de Conférences, Université de Paris
• Se faire entendre
Sans doute la cellule poétique vivante à chaque texte chez Tarkos consiste-elle en cela : se faire entendre. Se faire entendre à soi quelque chose, le faire entendre aux autres. Toute la question est dès lors celle du comment, et donc des stratégies mises en œuvre pour y parvenir.

15h30 : PAROLE

Anne-Christine Royère, Université de Reims Champagne-Ardenne
• Tarkos : sonore ?
Le chantier que souhaite ouvrir cette communication est celui des relations que la poésie de Christophe Tarkos a pu entretenir, tout particulièrement au début des années 1990, avec la poésie sonore / action de Bernard Heidsieck et, plus largement, avec la musique. Il va s’agir d’examiner quelques pièces de ce corpus, d’en déterminer les spécificités et de réfléchir aux rôles qu’elles ont pu jouer dans le cheminement de Tarkos vers la lecture performée et l’improvisation.

Stéphane Nowak Papantoniou, Chercheur, docteur en littérature générale et comparée, spécialisé en poésie, performance, recherche-création.
• Le petit bidon : lignes de tension
Entre « lire » et « dire », le texte et l’improvisation : écriture, performance, recherche et création.

Antoine Hummel, Auteur d’une thèse de doctorat sur Christophe Tarkos, Nathalie Quintane et la « dé-spécialisation de la poésie »
• « Une phrase je dis je me mets à aller penser quelque chose »
Dans nombre de ses semi-improvisations, Tarkos semble parler pour voir où ça le mène, phraser à partir d’un énoncé simplexe (« je ne fais rien », « je me peigne ») qui se complexifie en cherchant à gagner en clarté. On s’intéressera à ce mode oral — nécessairement tâtonnant, « épanorthotique » — et on le rapprochera de ce qu’un autre semi-improvisateur, David Antin, nomme « talk to discover »