Le principe de l’insert relève avant tout de l’envie de renouer avec l’une des grandes ambitions des avant-gardes historiques d’abolir les frontières entre l’art et la vie. En passant de l’espace de la galerie ou du musée à la page imprimée, l’artiste opère un déplacement volontaire du lieu d’existence de son œuvre. Cet effet de décalage est d’autant plus renforcé en fonction du type d’ouvrage dans lequel l’insert est placé.
La réception d’un insert n’est pourtant pas sans difficulté ni ambivalence. La découverte d’un insert au hasard du feuilletage des pages provoque inévitablement une perturbation et une surprise venant interrompre le fil de la lecture. Toutefois, la volonté de placer une œuvre d’art là où on ne l’attend pas, peut également rendre l’identification d’un insert particulièrement périlleuse au risque que celui-ci passe totalement inaperçu.
Si l’insert constitue une forme jouissive pour l’amateur de livres d’artistes, il faut cependant nuancer notre enthousiasme et reconnaître que le format de l’exposition sous vitrine convient mal à ce type de pratique éditoriale. Il fige et prive l’œuvre d’une partie de son contexte et, de ce fait, il fait perdre à l’insert une certaine partie de sa force esthétique et critique. Les ouvrages présentés dans ces vitrines pour la réouverture du plateau documentation - recherche n’échappent pas à cet écueil.
Toutefois, ils rendent compte de cette pratique si particulière et mettent en avant des interventions exceptionnelles faites par des figures majeures de l’art contemporain dont même le public le plus averti n’a peu ou pas connaissance.