Hélène Bellenger

Maura

En partenariat avec la commune de Grimaud.
Avec le soutien de Rouvrir le monde, un dispositif de la Drac Provence-Alpes-Côte d’Azur dans le cadre de l’Été culturel 2022 mis en place par le Ministère de la Culture.

En août 2021, un gigantesque incendie s’est déclaré dans le massif des Maures, faisant des ravages et laissant derrière lui des paysages calcinés, carte postale d’une forêt de cendres noires, désormais iconique. C’est dans ce contexte que le Frac et la commune de Grimaud se sont rapprochés, invitant l’artiste Hélène Bellenger à se saisir d’un tel évènement un an après pour en définir de nouveaux contours lors d’une résidence de création.

Hélène Bellenger, Sans titre (la maura), 2022.
© Hélène Bellenger

Pour son projet Maura, Hélène Bellenger s’est intéressée aux paysages calcinés du massif des Maures. Entre le 16 et 26 août 2021, un gigantesque incendie ravage plus de 7000 hectares du massif, laissant derrière lui les images d’une forêt de cendres noires, désormais iconiques.

Attesté dès 888 au singulier Montem Maurum et la Maura en 1529, le nom du massif se traduit « mont noir » en latin, ou « la Noire » en provençal. Frédéric Mistral précisait en outre que le toponyme Mauro (Mauras) signifie « sombre, obscur », faisant allusion à l’aspect noir des forêts de pins qui recouvrent le massif à certains endroits ou encore à la couleur sombre de ses roches cristallines, qui offre un contraste avec la couleur des roches calcaires du reste de la Provence. Si la terre et les arbres noircis aujourd’hui par le passage de l’incendie semblent tristement résonner avec cette appellation de « mont noir », ces forêts de cendres noires peuvent également faire écho au vocabulaire photographique lui-même. Les noirs très denses et sans détail en photographie sont en effet dit « bouchés » ou quelques fois « brûlés ». S’ouvre ainsi tout un champ d’expérimentations plastiques autour des traces laissées par le passage du feu, du noir calciné. Le noir convoque différentes époques : le temps du charbon et des usines, celui de l’automobile, du pétrole ou encore aujourd’hui aux forêts brûlées. Le noir est ainsi à la fois tragique, poétique, moderne et parfois transgressif. Du tirage au charbon, à l’impression d’images sur céramique par la technique dite de « l’enfumage », en passant par des chimigrammes ou des photogrammes de feu, Hélène Bellenger souhaite ainsi revenir à des techniques artisanales de création/destruction d’images par le feu. À travers un vocabulaire à la fois photographique et plasticien, il s’agit ainsi de lier l’histoire de l’art et l’histoire de la photographie à celle de la transformation d’un paysage, icône de l’ère dite « capitalocène ».

Photographe de formation, Hélène Bellenger sort aujourd’hui la photographie du cadre pour en exploiter les potentialités plastiques. En puisant dans l’histoire des images et des techniques, l’artiste souhaite ainsi expérimenter différents processus de création d’images par le feu et pousser dans ses retranchements, esthétiques et poétiques, le noir calciné.

Informations pratiques :
Centre de loisirs Les Blaquières
155 Lieu-dit Carraire d’Aigo Puto, 83310 Grimaud