Romana Schmalisch et Robert Schlicht

La chorégraphie des marchandises

En partenariat avec le Laboratoire d’Économie et de Sociologie du Travail (LEST), le Projet ANR Le Grand Entrepôt, le Goethe-Institut Marseille, l’Iméra Institut d’études avancées (IEA) d’Aix-Marseille Université, le Mucem et Montévidéo. Avec le soutien de l’Akademie der Künste et du Sénat de Berlin – Département culture et cohésion sociale. Ce projet a été rendu possible grâce au soutien de Seayard et du Port de Marseille Fos.

Dans le cadre de son 40e anniversaire, le Frac Sud reçoit le soutien de Banque Palatine, Croscall, Fondation Galerie Lafayette et Château Bonisson.

L’exposition « La Chorégraphie des marchandises » s’inscrit dans le projet cinématographique et de recherche scientifique À la pêche à l’épave issu de la résidence des artistes Robert Schlicht et Romana Schmalisch au Frac Sud, en coopération avec le Goethe-Institut Marseille, en 2021.

Aujourd’hui, 80 % des marchandises internationales sont transportées dans des conteneurs. Des iPhones de Chine, des baskets de Tunisie, des t-shirts du Bangladesh, des canards en plastique de Malaisie... vont et viennent entre les continents, certains à de multiples reprises, d’autres seulement en pièces détachées. Mais bien qu’il soit le fondement de la société mondialisée le conteneur lui-même reste pratiquement invisible. Or, l’image du conteneur est devenue emblématique de la globalisation.

L’exposition « La Chorégraphie des marchandises » examine la tension entre la visibilité et l’invisibilité non seulement du conteneur, mais aussi, par extension, de la société. En effet, que révèle l’image d’un bureau, d’une usine, d’un entrepôt ou d’un conteneur sur les relations sociales en jeu ?

Dans le cas du conteneur, il ne s’agit pas que de ses tôles d’acier, qui cachent les marchandises qu’il contient, mais plus encore des relations socioéconomiques dans lesquelles il est impliqué, voire qu’il permet de nouer. En effet, la mondialisation ne serait pas envisageable sans le conteneur, qui a révolutionné les processus de travail dans les ports et les flux du commerce international certes, mais au-delà, il a transformé l’économie capitaliste toute entière. Les terminaux à conteneurs semblent aujourd’hui contrôlés par une « main invisible », conçue par une intelligence artificielle, qui guide les navires et planifie le chargement et le déchargement des conteneurs, semblant résoudre tous les problèmes par elle-même et positionnant les humains comme des simples spectateurs face au flux de marchandises toujours optimisé.

« La Chorégraphie des marchandises » présente une installation vidéo multicanal qui met en relation les opérations sur les porte-conteneurs, dans les ports et les centres de distribution, le pilotage des navires, l’organisation et la modélisation des flux de navires et de conteneurs, l’histoire du commerce, la réification des relations sociales, la simulation des opérations, la fétichisation des objets et la mystification de la société. Les séquences juxtaposées révèlent une image du conteneur devenu le pivot de l’économie mondiale.

L’exposition « La Chorégraphie des marchandises » s’inscrit dans le projet cinématographique et de recherche scientifique À la pêche à l’épave issu de la résidence des artistes Robert Schlicht et Romana Schmalisch au Frac Sud, en coopération avec le Goethe-Institut Marseille, en 2021.

Romana Schmalisch et Robert Schlicht sont chercheurs, artistes et cinéastes. Romana Schmalisch a étudié les beaux-arts à l’université des Arts de Berlin. Elle a été artiste en résidence dans de nombreuses institutions, dont l’académie Jan Van Eyck à Maastricht, le Studio Voltaire à Londres et les Laboratoires d’Aubervilliers. Robert Schlicht a étudié la philosophie à la Humboldt Universität à Berlin. Le travail commun de Schmalisch et Schlicht se situe entre le cinéma et la théorie, et se concentre sur la représentativité des processus historiques et des structures sociales. Des expositions, des performances et des films se penchent sur le thème du travail dans les sociétés capitalistes. En 2019, leur premier long métrage, Labour Power Plant, a été présenté à la Berlinale. Les deux artistes et cinéastes ont été en résidence à Marseille à l’Iméra en 2022 et 2023 et à Montévidéo en 2023 et 2024.

Le Grand Entrepôt
Le projet de recherche Le Grand Entrepôt mené au sein du Laboratoire d’Économie et de Sociologie du Travail (CNRS, AMU) porte sur l’émergence de « zones franches » et de « zones grises » industrialo-commerciales. Celles-ci qui jouent désormais un rôle crucial dans l’organisation de la fonction de stockage, que certains économistes nomment « économie d’entrepôt ». Delphine Mercier et Michel Peraldi coordonnent le programme intitulé Le Grand Entrepôt (2022–2026). L’installation vidéo multicanal dans l’exposition « La Chorégraphie des marchandises » au Frac Sud a bénéficié du soutien du Lest et du projet ANR.

Jeudi 2 novembre à 20h30 Montévidéo
Le Fétiche du conteneur, épisode 2 : Performance cinématographique dans le cadre de la résidence de Romana Schmalisch et Robert Schlicht à Montévidéo, avec l’acteur Robert Rizo.
Dans la performance intitulée Le Fétiche du conteneur, épisode 2, un être humain situé à la fin de la chaîne d’approvisionnement mondiale agira comme un intermédiaire, nous aidant à comprendre le monde fascinant des marchandises. Nous nous familiariserons avec les aspects cachés des produits, et à mesure que nous en apprendrons davantage, nous pourrions nous sentir de plus en plus hantés et troublés par leurs histoires et leurs conflits. Peut-être que des figures mythiques et surnaturelles pourraient venir à notre secours dans ce voyage ?

Lundi 6 novembre à 16h au MucemLab : Lecture de Romana Schmalisch et Robert Schlicht.