Atelier mené par Claire Dantzer au Centre pénitentiaire des Baumettes à Marseille

A partir d’éléments de récupération et de pièces détachées provenant des ateliers de travail, les participants ont réalisé au rythme des cinq séances du workshop de véritables sculptures sur socle. Le projet a donné lieu à une édition distribuée aux détenus participants.

« Il s’agit certainement d’une expérience hors normes, du fait de l’enfermement et de tous les éléments constitutifs de l’univers carcéral : les multiples passages de portes, de portiques de sécurité, travailler dans un atelier grillagé, fermé, la présence des surveillants mais aussi leurs absences, les bruits, leurs résonances … Ça commence par la préparation même de l’atelier, son orientation, les demandes d’autorisations... Le choix des matériaux lui-même n’est pas anodin.
Et finalement, grâce à la proximité avec les détenus générée par l’atelier, les échanges établis, je retiens surtout une expérience humaine, grâce à la rencontre. Je pense que ce type d’atelier est un véritable souffle pour les détenus, une échappatoire, c’est justement la porte qui leur est laissée ouverte.
Comme pour tout workshop, on ne sait jamais avec qui on va travailler, que ce soit en détention ou avec un public « lambda », tout dépend de la rencontre.
C’est vrai qu’il existe une certaine appréhension et peut être la peur d’une certaine violence, mais dans les faits on oublie le contexte pour se concentrer sur la création et le travail.
Pour la plupart il s’agit d’un premier atelier, de la découverte de l’art contemporain, de construire avec des éléments de récupération, témoignage des ateliers de travail voisins.
Et dans cette approche parfois naïve on se retrouve finalement presque face à des enfants, ce qui ressort d’ailleurs des propositions faites à l’échelle de jouets, de constructions de lego, de messages candides.
Tout comme dans la vie on est face à un panel de personnalités dans toute leurs complexités, parfois plus dures ou plus sombres, plus introverties, plus réfléchies ou plus extraverties, plus bavardes ou plus timides. L’investissement n’est pas le même d’une personne à l’autre et l’envie d’apprendre peut se révéler très forte.
C’est un public que je trouve particulièrement à l’écoute, qui a surtout envie de bien faire, qui cherche une reconnaissance positive. »
Claire Dantzer, artiste